Salomé Jukonda… un nom pas très courant. Souvent les gens après l’avoir entendu ou lu ouvrent de grands yeux étonnés et si disent parfois ça n’existe pas. Et bien si, ce nom existe puisque c’est le mien. Facile à dire en soi : SA-LO-ME ; « é » comme on dit « et ».
Quand j’explique ça aux gens parfois ils me regardent bizarrement.
Mon âge ? Cela se demande-t-il à une dame ? Allez je vais vous le dire, mais juste parce que c’est vous… j’ai 43 ans…
Vous comprenez maintenant pourquoi j’ai dit que ça ne se demandait pas.
Qui je suis ? Et bien… une femme… noire… enfin je ne suis pas totalement noire, plus chocolat au lait, enfin… je crois. Je ne sais plus…
J’ai vécu en Afrique, ma terre natale pendant 13 ans et puis mon cher père est mort… Mère s’est remariée avec un occidental quelque mois plus tard pour subvenir à nos besoins disait-elle… moi je dis qu’elle n’avait plus envie de la vie de cultivateur qui la voyait maigrir et mourir petit à petit parce que je ne savait que peu l’aider. Elle s’est remariée donc, avec un homme qui ne m’aimait pas beaucoup. Un homme qui me traitait comme une invalide et un poids. Quand nous allâmes habiter en Angleterre, sur cette terre même où je vis depuis mes 13 ans en fait, il me plaça dans un établissement spécial. Petite je revenais encore les week-ends, à partir de mes 15 ans, je ne revis Mère que lorsqu’elle venait me rendre visite, c’est-à-dire pas souvent pour être franche… Mais cela est une partie de mon passé qui est gravé en moi mais mis à part un manque de Mère, je n’en retire pas grand-chose d’intéressant. L’homme avec qui elle vivait, bien que violent quand il buvait la rendait assez heureuse pour qu’elle n’ait pas envie de s’enfuir alors elle y resta et à mes 20 ans, elle mourut, d’une chute dans un escalier … Personne ne dit rien, sa femme précédente s’était suicidée après une chute dans la cuisine… la graisse de la friteuse l’avait défigurée et brûlée ; plus profondément son âme que sa peau, dirons-nous.
Personne ainsi ne réagit à la mort de Mère et moi je fus mise à la porte de l’établissement où l’on s’occupait de moi parce que l’on me disait invalide… L’homme ne voulait plus subvenir à mes besoins, il ne devait plus rien à Mère.
Alors que tous avaient détournés le regard de moi parce que je n’apportais plus d’argent, moi je m’envolais vers cette liberté que j’attendais depuis si longtemps. Je laissais derrière moi ces gens qui m’avaient élevés avec leurs remords de lâcheté parce qu’ils savaient que me laisser seule c’était m’envoyer à la mort, dans les rues de Londres…
Plus aucun d’eux ne surent ce que je suis devenue… moi je vais vous le dire…
Depuis que j’ai 11 ans, je sais que je suis une sorcière… et seul un être que j’ai aimé de tout mon cœur et même bien plus le su : Père. Père était un homme assez simple mais au passé mystérieux.
Nous avions un lien particulier qui nous unissait. Il était un sorcier mais n’avait jamais pu le dire à Mère qui était une femme fort superstitieuse, au cœur fragile. Ainsi lorsque je reçu cette lettre disant qu’une école m’attendait pour mon premier jour, il me fit une fête que je ne comprit pas et dans sa voix je pouvais y sentir toute sa fierté. Cette nuit là je ne l’oublierai jamais… Se fut la première fois qu’il se rebella contre Mère quand elle lui interdit de sortir avec moi aussi tard :
Femme, dit-il, je sors avec ma fille et je ne sais quand on rentrera, cette enfant dormira de tout son saoul demain, tu ne la réveilleras pas aux premières heures de l’aube, je lui donne un jour de congé et moi je ne rentrerai pas avant une semaine.
Puis il sorti en me tenant la main. Et dans la chaleur du soleil couchant que je sentais sur mon visage nous marchâmes longtemps sans parler.
Les bruits de la savane me mirent en confiance, alors qu’avant ils créaient une peur en moi qui m’empêchait de dormir parfois la nuit, parce que je ne savais identifier le son et l’image. Mais ce soir-là, le cris d’un singe au-dessus de moi, le grognement au loin d’un lion, le bruit des sabots d’une girafe qui s’enfuait pour une quelconque raison,… tout cela ne me fit rien, la main chaude, grande et forte de Père dans la mienne me promettait qu’il ne m’arriverait rien.
Lorsque la fraîcheur de la nuit se fit sentir, je frissonnais. C’est à ce moment –là que père lâcha ma main pour déposer sur mes épaules sa chemise et de reprendre ma main avant de parler de sa voix qu’il prenait quand il était sérieux avec un mélange de calme et de sérénité qu’il y avait toujours dans la douceur de ses mots quand il s'adressait à moi.
Salomé, il y a une partie de ma vie que tu ne sais pas et qu’il te faut connaître pour comprendre ce qui va t’arriver à présent.
Ma fille je te sais courageuse, forte, têtue et déterminée. Je sais combien tu gardes toujours la tête haute et je suis fier de ta manière d’appréhender la vie. Je suis fier de toi ma fille…
Pendant un petit temps il ne dit plus rien.
Il existe plusieurs mondes, tu en as déjà rencontré deux, celui dans lequel nous vivons et le tien. Un troisième tu vas rencontrer, que tu as déjà un peu découvert…
Tu te souviens quand tu t’étais retrouvée en face du lion et qu’au bout d’un moment il s’était détourné sans te faire de mal ?
J’acquiesçais calmement de la tête.
Ce jour-là tout le monde dit que c’était de la magie, que le lion après t’avoir sentie s’était détourné la queue entre les jambes sans rien te faire.
Et bien… ils n’avaient pas tort. C’était une des manifestations de tes pouvoirs lorsque tu es en danger.
Un peu perdue, je serrai un peu plus sa main. Il sentit ma peur et se mit à parler sans s’arrêter.
Il existe un autre monde Salomé où les hommes et les femmes ont des pouvoirs magiques, où les enfants vont à l’école pour apprendre à voler sur des balais, à transformer un rat en verre et à se battre en jetant des sorts. C’est cette école qui t’a envoyé la lettre et c’est dans cette école que j’ai passé mon enfance…
Longtemps Père parla, me fit découvrir un monde de merveilles et de beautés où la magie permettait beaucoup, où des créatures peuplaient un monde qui n’était que légende pour ceux qui ne savaient pas. Un monde qui après l’avoir découvert au travers des mots de Père m’attirait et me faisait peur.
Et mon premier jour d’école passa, puis un an, deux ans… et je continuais à mener une double vie dans un établissement qui ne savait rien de mes disparitions journalières car ils ne voyaient que l’image qui vivait à ma place sans le remarquer.
Ainsi lorsque je fus mise à la porte de l’établissement où j’avais été placée, je fus libre.
Libre et parti pour toujours de ce monde de moldus qui avait perdu de son éclat le jour où j’avais entendu mon père raconter une vie de magie qui m’avait enchaîner à elle par son mystère.
Je fis ma vie, parti à l’aventure, vécu beaucoup de temps dans les endroits sauvages là où personne ne pensait que je reviendrais. Une sédentaire voilà ce que je fus pendant longtemps puis un jour j’eut la chance de rencontrer Florian ou le professeur Thickie, on le connaît plus sous ce nom là. Nous devîmes amis, et à présent que je veux me poser, me reposer, vivre une vie plus calme il me propose un travail dans l’animalerie du chemin de traverse. Un métier pour moi, entourée d’animaux que je connais mais surtout les seuls être avec qui je sais peut-être m’y prendre le mieux.
Voilà… vous savez un peu de ma vie, de ce que je suis et grâce à qui… Je vais vous laisser maintenant.
Ha oui, une dernière chose… Je suis aveugle depuis l'âge de 7ans.
Une Pouffy dans l'âme. 
